Game of Thrones est une série américaine qui s’est étalée sur 8 saisons qui a connu un grand succès public. Elle relate l’histoire croisée de différents personnages appartenant aux familles aristocratiques d’un continent appelé Westeros, continent divisé en fiefs surnommés les sept couronnes.

Mais avant d’être une série HBO, Game of Thrones (Le Trône de fer en français) est une série de romans signés George R.R. Martin qui s’étale (à ce jour) sur 5 romans (eux-même subdivisés en 15 livres en français) avec 2 autres à venir.

Inspirée par le moyen-âge européen (la guerre des Deux-Roses, le mur d’Hadrien ou Henri VII Tudor auxquels les Français rajoutent le roman les Rois Maudits de Maurice Druon) avec en particulier le biais de raconter l’Histoire à travers les péripéties des familles régnantes, le roman (plus que la série) est baigné de références héraldiques permettant d’identifier les personnages.

Puissance évocatrice de l’héraldique

Car Martin a largement puisé dans la science héraldique pour caractériser les familles aristocratiques qui s’affrontent à Westeros, les dotant en sus d’un blason proprement dit, d’une devise. Et en s’arrangeant pour que les susdits blasons et devises s’incarnent dans les personnages : la solidité et l’esprit de clan du loup, la force du lion, la puissance du dragon ou encore la subtilité de la rose contribuant à faire de ces attributs héraldiques un véritable « logo » permettant d’identifier les personnages et ceux qui leurs sont affiliés.

Ce faisant, il a utilisé l’emblématique médiéval, non pas simplement pour sa seule puissance d’évocation (qui donne une tonalité chromatique indéniable que l’on retrouve un peu dans la série télévisée) mais aussi parce qu’elle soutient la narration en permettant d’identifier les différents lignages et leurs représentants.

On ne s’attardera pas dans cet article introductif sur les détails de l’héraldique westerienne mais il est important quand même de souligner qu’elle n’est pas totalement orthodoxe et qu’il serait erroné de résumer la complexité de la science héraldique parce ce que l’on peut en apercevoir dans Game of thrones. Et ce principalement par deux aspect : l’utilisation créative des couleurs héraldiques et le choix assumé d’écarter les formes géométriques pour n’utiliser qu’un choix réduit de motifs décoratifs (meubles en langage héraldique).

Singularités de l’héraldique westerienne

Martin utilise tout d’abord un choix de couleurs plus vaste que celles traditionnellement utilisée par la tradition héraldique classique : qui se résume à deux « métaux », or (jaune) et argent (blanc) et quatre couleurs, gueules (rouge), azur (bleu), sable (noir) et sinople (vert). Il utilise ainsi du gris, du orange, du pourpre et il introduit des nuances qui n’existent pas en héraldique (vert foncé vs vert clair). Là où il se fait plus provocateur, c’est quand il s’affranchit de la règle dite de contrariété des couleurs qui dit qu’on ne peut combiner métal sur métal et couleur sur couleur. Cette règle ancienne s’est imposée à l’époque pour une raison bien simple : le besoin de lisibilité. L’exemple parfait de ce non-respect et le fait que conséquemment le blason soit très difficile à lire, est le blason Targaryen, rouge sur fond noir, quasi illisible de fait…

Par ailleurs pour dessiner ses blasons, Martin fait le choix de partir bien souvent d’un champ plein (une couleur unie de fond) et d’y adosser un seul (parfois deux) meuble. A part le blason Tully et son ondé polémique (mal décrit, on est obligé de spéculer quant à sa représentation graphique exacte), tous les blasons des autres grandes maisons de Westeros répondent à cette règle.